La tragédie de Sault-au-Cochon : 70 ans après, les débris témoignent encore du premier attentat contre un avion civil occidental
Le 9 septembre 1949, un événement tragique a secoué la petite ville de Sault-au-Cochon au Québec. Un avion de la Canadian Pacific Airlines, assurant la liaison Montréal-Baie-Comeau, s'est écrasé dans une forêt de la Côte-de-Beaupré, faisant 23 victimes. Ce drame s'est révélé être le premier attentat contre un avion civil occidental. 70 ans après les faits, des débris sont toujours visibles sur le site de l'écrasement, témoignant de ce jour tragique.
Le spectacle est saisissant : la carcasse de l'avion est encore partiellement reconnaissable, avec les panneaux d'aluminium portant encore le lettrage de la compagnie aérienne. Malgré les décennies écoulées, les pièces d'aluminium ont étonnamment bien résisté au passage du temps.
Pensez-vous que la justice a été rendue dans l'affaire de la tragédie de Sault-au-Cochon ?
Cette tragédie a rapidement attiré l'attention internationale et a fait la une des journaux du monde entier. Les enquêteurs ont rapidement soupçonné qu'une bombe avait été placée à bord de l'avion, provoquant son explosion et son crash. Les recherches se sont intensifiées afin de trouver des indices sur l'origine de cette bombe et sur les responsables de cet acte criminel.
Une des clés de l'affaire se trouvait dans la soute à bagages de l'avion. Les enquêteurs ont découvert que l'explosion s'était produite à l'avant gauche de l'appareil, où étaient embarqués des colis en provenance de Québec. En consultant la liste des expéditeurs et des destinataires de ces colis, ils ont remarqué que l'un d'entre eux avait été déposé avec deux fausses adresses.
- Un homme, Monsieur Gay, et sa femme se séparent à l'aéroport, et quelques instants plus tard, il souscrit une assurance de 10 000 dollars sur la vie de sa femme.
- Une femme en taxi transporte un colis étrange avec des noms bizarres.
Grâce au témoignage d'un employé, les enquêteurs ont pu retrouver la trace d'une femme corpulente, habillée de noir, arrivée en taxi avec un colis marqué "fragile". Les policiers pensent avoir trouvé leur coupable.
Il s'agit d'Albert Guay, un bijoutier, dont la femme faisait partie des victimes. Quelques mois avant l'accident, il avait été arrêté en possession d'une arme à feu en compagnie d'une maîtresse. C'est Marie-Ange Robitaille, cette jeune serveuse de 19 ans, qui a mis la police sur la piste de la femme au colis. Elle a décrit une femme élégante, tenant soigneusement le colis. Albert Guay avait en fait décidé de faire sauter l'avion dans lequel sa femme se trouvait, afin de pouvoir épouser Marie-Ange. Il avait même souscrit une assurance vie sur la vie de sa femme et persuadé un horloger de fabriquer la bombe.
Malheureusement pour Guay, un retard de cinq minutes à l'aéroport de Québec a fait exploser l'avion au-dessus de la terre ferme, privant ainsi Guay de son meurtre parfait. Jugé avec Généreux Ruest, l'horloger qui avait fabriqué la bombe, et Marguerite Pitre, la femme qui avait transporté le colis, Albert Guay a été condamné à la peine de mort lors de son procès. Les trois accusés ont été pendus pour leur crime.
Cette tragédie de Sault-au-Cochon est restée gravée dans les mémoires, et plusieurs livres et articles ont été écrits sur cette affaire. Elle a également inspiré l'écrivain Roger Lemelin pour son roman "Le crime d'Ovide Plouffe", qui a été adapté au cinéma par Denys Arcand en 1984.
Aujourd'hui, 70 ans après les faits, les débris de l'avion témoignent encore de cette terrible tragédie aérienne et de l'une des histoires judiciaires les plus marquantes du Canada.