Manifestation des agriculteurs à Bruxelles contre les traités de libre-échange
En plein sommet européen au sujet de l'Ukraine, un millier de tracteurs ont envahi les rues de Bruxelles. Les agriculteurs, venus de plusieurs pays, dénoncent les traités de libre-échange qui les empêchent de vivre de leur activité. Ils demandent la fin de ces accords qui les mettent en concurrence avec des produits ne respectant ni les normes environnementales ni les normes sociales. Les agriculteurs se sentent délaissés et en difficulté pour joindre les deux bouts.
Les difficultés financières auxquelles sont confrontés les agriculteurs ont également été mises en lumière lors de cette manifestation. Les prix des terres agricoles ont fortement augmenté, rendant l'achat impossible pour de nombreux agriculteurs.
Face à ce rassemblement massif, les autorités européennes sont sous pression pour prendre des mesures en faveur des agriculteurs. Les négociations concernant les traités de libre-échange devront être réévaluées afin de préserver les intérêts des agriculteurs et de garantir des règles respectées par tous.
Les raisons européennes de la révolte agricole
Elise Roullaud, maîtresse de conférences en sociologie à l’université catholique de l'Ouest, explique que l'Union européenne est une pourvoyeuse d'aides financières importantes pour les agriculteurs français et européens grâce à la Politique agricole commune (PAC). Cependant, la PAC actuelle favorise l'agriculture intensive au détriment des pratiques agro-environnementales, ce qui crée une tension chez les agriculteurs qui se sentent pris entre l'obligation de produire plus et la préservation de l'environnement.
Pensez-vous que les traités de libre-échange doivent être revus pour protéger les intérêts des agriculteurs ?
Au niveau européen, il existe deux syndicats agricoles : le Copa-Cogeca, qui représente les intérêts de l'agro-industrie et défend la libéralisation des marchés agricoles, et la Coordination européenne Via Campesina, qui défend un modèle d'agriculture "paysanne" avec des exploitations agricoles sur l'ensemble du territoire et la souveraineté alimentaire.
Les aides européennes aux agriculteurs
La PAC comprend deux piliers. Le premier pilier concerne les aides directes aux revenus, qui représentent les deux tiers du budget de la PAC. Ces aides, découplées ou couplées à des productions spécifiques, sont essentielles pour le revenu des agriculteurs. Le deuxième pilier concerne les aides au développement rural, qui répondent également à des enjeux environnementaux.
La nécessité de mesures politiques en faveur des agriculteurs
Elise Roullaud souligne que le problème des agriculteurs n'est pas technique, mais politique. Il revient aux gouvernements nationaux et aux décideurs européens de définir quel type d'agriculture ils veulent en Europe et comment garantir aux agriculteurs un revenu décent.
Il est important de noter que la situation des agriculteurs n'est pas uniquement la faute de l'Union européenne. Chaque État membre a une certaine marge de manœuvre dans l'application de la PAC, et les gouvernements nationaux ont un rôle décisionnel important.