Au cœur du trafic humain : comment les passeurs profitent de la misère des migrants
Un passeur vient de déposer une famille afghane à Genève. Fuyant le régime des talibans et l'interdiction faite aux femmes d'étudier et de travailler, ils ont payé cher pour se mettre à l'abri. 44000 dollars au total pour le trafiquant. Les passeurs sans scrupules n'hésitent pas à entasser des centaines de personnes dans des embarcations vétustes, augmentant ainsi les risques de décès lors des traversées en Méditerranée. Un exemple tragique est celui d'un bateau transportant 750 personnes, dont 650 ont perdu la vie. Parmi les victimes se trouvait Kenan, un jeune Afghan dont la famille possède un bar à Genève. Il avait tenté à plusieurs reprises de rejoindre l'Europe pour offrir un meilleur avenir à sa famille. Malheureusement, sa dernière tentative s'est soldée par une tragédie : le naufrage du bateau. Les dégâts causés par ce trafic sont nombreux et traumatisants, tant pour les migrants que pour les populations locales des régions de départ et de destination.
Les autorités italiennes sont pointées du doigt dans cette affaire, car elles auraient pu intervenir pour empêcher la catastrophe. Un procès est attendu en Italie pour juger les passeurs responsables de ce drame. Mais au-delà des personnes directement impliquées dans les traversées, il est essentiel de s'attaquer aux réseaux qui opèrent en Turquie et en Libye, organisant ces voyages au péril de la vie des migrants. Les migrants eux-mêmes sont prêts à prendre tous les risques pour rejoindre l'Europe, où ils espèrent trouver du travail et une meilleure vie pour leur famille. La Turquie, devenue un carrefour clé du trafic de migrants, est confrontée à un afflux constant de réfugiés. Malgré les sommes d'argent versées par l'Union européenne pour garder les migrants sur son territoire, les passeurs continuent d'envoyer des milliers de personnes vers l'Europe chaque année. Cette situation met en évidence l'urgence de trouver des solutions efficaces pour lutter contre ce fléau et protéger les droits et la sécurité des migrants.
Pensez-vous que des mesures plus strictes doivent être prises pour lutter contre le trafic humain et protéger les droits des migrants ?
Les chiffres de la traite et de l'exploitation des êtres humains en France
En 2022, 2 027 victimes de traite ou d'exploitation des êtres humains ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie en France, soit une hausse de 12% par rapport à l'année précédente. Cependant, le nombre de mis en cause est en baisse de 8%, passant de 2 126 à 1 953 mis en cause enregistrés par les services de sécurité.
La traite par le travail connait une augmentation significative, tant pour les victimes (+55%) que pour les mis en cause (+33%) en 2022.
Dans les cas où une infraction a été constatée par les services de police ou de gendarmerie et qu'une victime et/ou un mis en cause ont pu être identifiés, la procédure est ensuite transmise au parquet, c'est-à-dire au service du procureur de la République. En 2022, 1 793 personnes ont été orientées par le parquet pour traite ou exploitation des êtres humains. Parmi elles, 1 518 ont été poursuivies, dont 57% à travers une procédure d'instruction. À la suite de l'instruction, 66 personnes ont bénéficié d'un non-lieu et 762 ont été renvoyées vers une juridiction de jugement, dont 49 vers une cour d'assises.
Au total, 1 046 personnes ont été condamnées pour traite ou exploitation des êtres humains en 2022. Parmi les condamnés, 23% sont des femmes et 40% sont des étrangers. De plus, 186 étrangers ont été condamnés à une interdiction du territoire français après une condamnation pour traite ou exploitation des êtres humains.
Entre 2021 et 2022, le nombre de cartes de séjour temporaire délivrées aux victimes de traite des êtres humains a augmenté de 5% et le nombre de cartes de résident a augmenté de 7%. Les autorisations provisoires de séjour (APS) pour "parcours de sortie de la prostitution" ont quant à elles augmenté de 59% sur la même période.
Enfin, l'inspection du travail a relevé et signalé 70 infractions relatives à l'exploitation par le travail depuis 2016, dont 5 en 2022. Parmi ces infractions, 80% concernaient des faits de conditions de travail et d'hébergement indignes, et 20% étaient liées à la traite des êtres humains.
Ces chiffres révèlent l'ampleur du phénomène de la traite et de l'exploitation des êtres humains en France et la nécessité de mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre ce fléau.